Sermon du : 2019/03/01 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : Parmi les femmes merveilleuses de l’islam : Khawla bint tha’laba
|
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
O musulmans !
Il n’y a aucun doute sur le fait que la femme représente le cœur de la famille et qu’elle joue un rôle essentiel dans la stabilité de la vie maritale.
Pour en parler aujourd’hui nous allons citer l’exemple d’une femme exemplaire qu’a connu la première génération de la société musulmane, l’exemple d’une femme croyante et pleine de dignité, une femme qui observait les injonctions de son créateur, une femme qui préservait la stabilité de sa famille. Cette femme c’est Khawla bint Tha3laba (ra).
L’imam Ahmed rapporte que Khawla Bint Tha3laba a dit:
«Par Dieu c’est à mon sujet et à celui de mon mari Aws ibnou Samit que les premiers versets de la sourate de la Discussion (al moujadala) furent descendus. J’étais sa femme, mais dès qu’il devint un vieillard son comportement se transforma au pire des comportements. Un jour il entra chez moi pour discuter d’une certaine affaire, il s’irrita contre moi et déclara: «Tu es pour moi comme le dos de ma mère» (ceci était une formule de divorce durant la période préislamique). Puis il partit pour passer une heure dans une assemblée avec ses compagnons. En rentrant, il s’approcha de moi pour avoir des rapports charnels. Je lui répondis catégoriquement: «Par celui qui détient l’âme de Khawla tu ne pourras le faire avant que Dieu et Son Messager ne tranchent entre nous».
Mais il essaya quand même de cohabiter avec moi par force, et je pus le repousser étant un homme vieux et faible. Je me rendis ensuite chez une voisine pour qu’elle me prête quelques vêtements, je les portai et me dirigeai vers le Messager de Dieu (saws) et m’assis devant lui. Je lui racontai tout ce qui s'est passé entre nous en accusant mon mari du mauvais caractère. Le Messager de Dieu - qu’Allah le bénisse et le salue- me dit: «O Khouwayla, (diminutif de Khawla) ton mari est un faible vieillard, crains Dieu en lui». Je ne quittai le Messager de Dieu (saws) avant que ces versets ne fussent révélés. A ce moment, et comme d’habitude, il éprouva une certaine peine en recevant la révélation, et une fois celle-ci achevée, il me dit: «O Khouwayla, Dieu a fait descendre des versets à votre sujet, toi et ton mari». Puis il me récita:
(Allah a bien entendu la parole de celle qui discutait avec toi à propos de son époux et se plaignait à Allah. Et Allah entendait votre conversation, car Allah est Audient et Clairvoyant.
Ceux d’entre vous qui répudient leurs femmes, en déclarant qu’elles sont pour eux comme le dos de leurs mères… alors qu’elles ne sont nullement leurs mères, car ils n’ont pour mères que celles qui les ont enfantés. Ils prononcent certes une parole blâmable et mensongère. Allah cependant est Indulgent et Pardonneur.
Ceux qui comparent leurs femmes au dos de leurs mères puis reviennent sur ce qu’ils ont dit, doivent affranchir un esclave avant d’avoir aucun contact [conjugal] avec leur femme. C’est ce dont on vous exhorte. Et Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.
Mais celui qui n’en trouve pas les moyens doit jeûner alors deux mois consécutifs avant d’avoir aucun contact [conjugal] avec sa femme. Mais s’il ne peut le faire non plus, alors qu’il nourrisse soixante pauvres. Cela, pour que vous croyiez en Allah et en Son messager. Voilà les limites imposées par Allah. Et les mécréants auront un châtiment douloureux.Ceux qui s’opposent à Allah et à Son messager seront culbutés comme furent culbutés leurs devanciers. Nous avons déjà fait descendre des preuves explicites, et les mécréants auront un châtiment avilissant)
Le Messager de Dieu - qu’Allah le bénisse et le salue- me dit ensuite: «Ordonne à ton mari d’affranchir un esclave». Je lui répondis: «O Messager de Dieu, il n’a pas d’esclave à affranchir» - Demande-lui alors, dit-il, de jeûner deux mois consécutifs». Comme je répondis qu’il était un faible vieillard, il répliqua: «Alors qu’il nourrisse soixante pauvres en leur offrant un wasq (une mesure équivalant à 60 sa3) de dattes». - O Messager de Dieu, rétorquai-je, il n’en possède pas!». Il me dit enfin: «Nous allons l’aider en lui envoyant alors un 3araq (une mesure équivalant à 15 sa3) de dattes». - Et moi aussi, dis-je, je lui donnerai un autre 3araq. Et le Prophète de s’écrier: «Tu as bien dit et bien fait. Va faire l’aumône de ces dattes et sois bienveillante à l’égard de ton mari». Et je m’exécutai»
Dans cette sourate, appelé Moujadala ou Moujadila, nous avons un bon exemple de la protection d’Allah taala de la société musulmane en développement. En effet, à ce moment là la révélation n’était pas encore terminée et c’est une période immense de l’histoire de l’humanité. La période de la connexion entre le ciel et la terre, une connexion directe, en direction d’un famille pauvre afin d’informer du jugement de Dieu dans leur problème.
En méditant sur ces versets, nous pouvons observer l’importance donnée à la place de la femme au sein de la société.
1/ Sa force dans la gestion de la crise
Alors que son mari l’a divorcé car il était en colère, il revint par la suite dans l’intention d’avoir un rapport charnel avec sa femme malgré ce qu’il lui avait dit et elle refusa. Elle refusa et souhaita s’entretenir avec le messager d’Allah (saws) afin de se plaindre.
2/ Sa bonne compréhension de la divergence
Les compagnons n’étaient que des hommes, ils se trompaient, se disputaient et divergeaient mais ils connaissaient le règles de la divergence. La divergence est une tradition d’Allah établie sur terre, il a dit :
(Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d’être en désaccord (entre eux,)
sauf ceux à qui ton Seigneur a accordé miséricorde. C’est pour cela qu’Il les a créés.)
Le problème ce n’est donc pas la divergence en elle-même mais c’est que cette divergence devienne une cause de conflit et d’animosité. Le prophète (saws) a dit en alignant les rangs dans la prière: « Ne divergez pas sinon vos cœurs divergeront ».
La divergence des cœurs est la plus dangereuse.
3/ sa peur d’Allah l’exalté.
Alors que le mari de Khawla revint vers elle, plus calme, regrettant ses paroles. Il voulut s'approcher d'elle, mais Khawla, de crainte de ne plus lui être licite, dit : « Je crois que je te suis désormais interdite! Par celui qui détient l’âme de Khawla tu ne pourras le faire avant que Dieu et Son Messager ne tranchent entre nous »
Khawla aimait son mari et n'avait pas envie de se séparer de lui. Cependant, très scrupuleuse en matière de religion elle ne lui obéit pas dans une désobéissance au créateur, elle se rendit auprès de l'Envoyé de Dieu afin de lui exposer son problème très rapidement pour ne pas rester dans cette situation.
4/ Son sens des priorités.
Khawla s’est plaint directement au prophète (saws) et pas à une autre personne quand bien même ce fût Aisha (ra).
Aicha -que Dieu l’agrée- a dit: «Béni soit celui qui entend tout. Je ne cesse d’entendre les paroles de Khawla Bent Tha'laba, bien qu’une partie m’a échappée, qui est venue se plaindre de son mari auprès du Messager de Dieu (qu’Allah le bénisse et le salue).
5/ Son courage et sa force dans le discours.
Il a été rapporté dans un hadith que lorsque Khawla vint se plaindre auprès du messager d’Allah (saws) elle dit en parlant de son mari :
« il a gaspillé mon argent, réduit ma jeunesse à la vieillesse en lui donnant une nombreuse descendance. Mais une fois devenue vieille et que je me suis trouvée dans la ménopause, il vient me répudier à cause d’une colère en me disant: «Sois pour moi comme le dos de ma mère». Grand Dieu, je me plains de lui auprès de Toi».
Son courage et sa force de discours ne se résume pas à cette histoire mais il a été rapporté qu’un jour, devenue âgée, elle interpella le calife 'Umar alors qu'il se promenait dans les rues de Médine pour inspecter les affaires de ses administrés, accompagné de Jarût Al-'Abdî.
Elle l'arrêta, le salua et lui dit : « Ô 'Umar ! Je t'ai connu alors qu'on t'appelait " 'Umayr " (diminutif de 'Umar). Tu courais alors derrière les gosses à 'Ukkad avec un bâton. Les années passèrent et on te donna le nom de 'Umar, puis les années passèrent encore, et tu es devenu émir des Croyants... Crains donc Dieu dans ton comportement avec tes administrés et sache que celui qui craint la menace de l'Au-delà, ce qui est loin devient proche pour lui, et celui qui a peur de la mort aura craint ! »
Jarût, quelque peu choqué par la familiarité de cette femme à l'égard du Calife 'Umar, lui dit : « Ô femme ! Tu as été trop impertinente à l'égard de l'émir des Croyants ! ». Mais 'Umar stoppa son Compagnon : « Laisse-la ! Ne sais-tu pas qui elle est ? C'est Khawla bint Tha'laba, cette femme dont Dieu a entendu la plainte au-dessus des sept cieux et pour laquelle il a révélé : " Dieu a entendu les propos de celle qui discutait avec toi au sujet de son mari,..." 'Umar est plus à même de l'écouter. Par Dieu, si elle reste à parler toute la nuit, je ne la quitterai que pour la prière avant de revenir vers elle ! »
2ème partie
O musulmans !
En réalité, la solution à chacun de nos problèmes est de retourner sincèrement vers le livre de Dieu et de s’accrocher fermement à la sounna du prophète (saws).
Allah taala a dit :
(Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, s’est égaré certes, d’un égarement évident.)
L’islam a modifié beaucoup de mauvaises habitudes qui étaient répandues chez les gens de la jahiliya (période préislamique) ainsi que de nombreuses règles qu’ils appliquaient mais qui menaient à l’injustice notamment envers les femmes.
Parmi ces règles, nous trouvions le « dhihar » (prononcer la formule « tu es comme le dos de ma mère »), c’était une formule de divorce à cette époque.
L’islam l’a interdite et l’a modifiée : celui qui prononce cette formule, sa femme ne lui est plus interdite définitivement mais juste ponctuellement jusqu’à ce qu’il verse l’expiation.
Le coran a également affirmé que le fait de prononcer cette formule et ainsi comparer sa femme au dos de sa mère est une parole grave. Allah taala a dit dans les premiers versets de sourate moujadala :
(Ils prononcent certes une parole blâmable et mensongère, Allah cependant est Indulgent et Pardonneur.)
Le dhihar n’étant donc pas considéré comme un divorce mais juste une désobéissance, il convient de verser une expiation : affranchir un esclave, si cela n’est pas possible alors il faut jeûner 2 mois du calendrier lunaire, mais s’il n’est pas capable de jeûner alors il doit nourrir 60 pauvres. Ainsi, il n’est pas permis à celui qui peut jeûner de nourrir les 60 pauvres. Allah taala a dit :
(Mais celui qui n’en trouve pas les moyens doit jeûner alors deux mois consécutifs avant d’avoir aucun contact [conjugal] avec sa femme. Mais s’il ne peut le faire non plus, alors qu’il nourrisse soixante pauvres. Cela, pour que vous croyiez en Allah et en Son messager. Voilà les limites imposées par Allah. Et les mécréants auront un châtiment douloureux.)