Sermon du : 2017/02/24 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : Explication du hadith : « Préserve Allah, il te préservera » (4ième Partie) |
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
O musulmans !
D'après Ibn Abbas (ra) le messager d'Allah (saws) lui a dit: « O mon enfant ! Je vais t'enseigner quelques paroles : préserve Allah, Il te préservera ».
Lorsque l'homme préserve les limites de son seigneur et qu'il lui obéit en accomplissant ses ordres et en délaissant ses interdits alors sa récompense sera proportionnelle à ses actions.
Allah le préservera dans son âme, dans son corps, dans ses enfants, sa famille et dans sa religion et Il le raffermit par une parole ferme ici-bas et dans l'au-delà.
Nous avons déjà cité de nombreux exemples de la protection d'Allah envers ses serviteurs, de la réponse à leurs invocations et de leurs soutiens contre les ennemis tout comme nous avons montré que celui qui ne préserve pas Allah, Allah ne le préservera pas.
Nous nous arrêterons aujourd'hui sur le premier mot du hadith : « préserve Allah ».
Comment l'homme préserve-t-il son seigneur ?
Le sens de cette phrase c'est : préserve les obligations et les limites d'Allah et éloigne-toi de ses interdits. Voici le sens de « préserve Allah ».
Le meilleur exemple est présent dans le hadith rapporté par Daraqoutni et d'autres dans lequel Abou Tha3laba a entendu le messager d'Allah (saws) dire :
« Allah vous a prescrit des obligations, ne les négligez pas. Il vous a tracé des limites, ne les transgressez pas. Il S'est tu sur certaines choses par miséricorde pour vous et non par oubli. Ne posez pas de questions à leur sujet »
Ce hadith fait parti des plus explicites prononcés par le prophète (saws) et il est parmi les fondements de la religion.
Abou Wa'il al Mouzani a dit : « Le messager d'Allah (saws) a regroupé toute la religion à travers 4 points. » Puis il cita le hadith en question.
Dans ce hadith, le prophète a classé les jugements d'Allah en 4 catégories :
– des obligations
– des interdits
– des limites
– et ce sur quoi Allah s'est tû.
1) Les obligations (el fara'id)
Le mot « fara'id » est le pluriel de « fard » qui signifie dans la jurisprudence : ce qui est obligatoire d'après une preuve authentique et recevable que ce soit dans le coran ou la sounna.
Le mot « fard » est également défini comme : « ce qui apporte une récompense lorsque l'on accomplit l'acte concerné et une punition si on le délaisse. »
El fard, el Lazim, el mouhattam, el roukn et el wajib sont des termes qui ont tous la même signification chez la plupart des savants du fiqh, excepté dans le chapitre du grand pèlerinage « el hadj ». En effet, dans ce chapitre les savants font une différence entre le mot roukn et wajib.
Le roukn (pilier) doit absolument être accompli pour que l'acte soit valable. Si un pilier du hadj n'est pas accompli alors ce pèlerinage est nul.
Le wajib (l'obligatoire) concerne les rites qui, s'ils ne sont pas accomplis, n'invalident pas le pèlerinage mais il faudra forcément une compensation pour combler ce manque comme par exemple le sacrifice d'un mouton, d'une chamelle ou autres...
Les hannafites se distinguent également car ils font la différence entre le « fard » et le « wajib ».
Pour eux, le Fard c’est lorsqu’il y a un argument qui prouve son existence avec certitude « dalil Qat3i » tel que le coran dans son entièreté et les hadiths notoires (moutawatir), alors que le Wajib n’est pas basé sur la certitude mais sur une preuve aléatoire « dalil dhanni » tels que les hadiths ahad (hadiths rapportés par peu de transmetteurs).
Pour abou Hanifa , le wajib est donc un jugement intermédiaire entre le fard et le sounna.
Le « fard » se divise en deux :
– fard 3ayn : c'est une ordonnance divine obligatoire à titre individuel.
– fard kifaya : c'est une ordonnance divine, obligatoire pour la nation musulmane dans son ensemble. Cette ordonnance collective est considérée accomplie, si elle est exécutée par quelques membres de la communauté. La prière sur le mort par exemple est une obligation qui incombe à toute la communauté, cependant si une partie des musulmans l'accomplissent alors l'obligation est levée pour les autres.
Le « fard » se divise également en obligation indépendante « moustaqil bidhatihi » telle que la prière du dhohr ou le jeûne du ramadan et en obligation intégrée dans une autre « dhakilin fi ghayrihi » tel que le premier takbir dans la prière ainsi que l'inclinaison et la prosternation.
La prière est donc une obligation « fard » en elle-même et elle contient en elle d'autres obligations.
Les actes surérogatoires « nawafil » c'est ce qui est ajouté aux obligations. Mais Allah Azza wa jal aime que l'on se rapproche de Lui tout d'abord pas les obligations puis par les actes surérogatoires.
Dans le hadith divin, il est rapporté qu'Allah a dit :
«Quiconque montre de l'inimitié à un de Mes dévoués serviteurs, Je lui déclare la guerre. Mon serviteur ne s'approche de Moi que par ce que J'aime le plus, par les devoirs religieux que je lui ai enjoint, et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher par des oeuvres surérogatoires jusqu'à ce que je l'aime. Quand je l'aime, Je suis l'oreille par laquelle il entend, l'oeil par lequel il voit, la main par laquelle il frappe et le pied avec lequel il marche. Qu'il Me demande [quelque chose], et Je lui donnerai sûrement, et qu'il Me demande refuge, Je le lui accorderai sûrement. Aucune chose ne Me fait hésiter plus que [de prendre] l'âme de Mon fidèle serviteur : il déteste la mort et Je déteste le blesser. » Rapporté par al-Bukhari.
Le sens de la parole: « je suis l'oreille par laquelle il entend, l'oeil par lequel il voit, la main par laquelle il frappe et le pied avec lequel il marche. » c'est qu'Allah le préservera dans sa vue, dans son ouïe, dans ses actes et dans sa marche.
« Mon serviteur ne s'approche de Moi que par ce que J'aime le plus, par les devoirs religieux que je lui ai enjoint, et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher par des oeuvres surérogatoires jusqu'à ce que je l'aime ». Ceci est une preuve que les actes obligatoires passent avant les actes surérogatoires.
Deux unités de prières obligatoires sont meilleures que deux unités surérogatoires ; un dirham donné en zakat est meilleur qu'un dirham versé en aumône volontaire ; le jeûne du ramadan est meilleur que le jeune surérogatoire etc...
Al Boukhari a rapporté dans son sahih qu'un homme dit au prophète :
« O messager d'Allah ! Informe moi de ce qu'Allah a rendu obligatoire en terme de prière !
Il répondit : les cinq prières sauf pour celles surérogatoires.
L'homme dit alors : « informe moi de ce qu'Allah a rendu obligatoire en terme de jeune ! » Il répondit (saws) : « le jeune du ramadan excepté ce que tu rajoutes en plus. L'homme dit : « informe-moi de ce qu'Allah a rendu obligatoire en terme de zakat ! »
Le prophète (saws)l'a alors informé de toutes les rites de l'islam, puis l'homme s'exclama :
« Par celui qui t'a honoré ! Je n'ajouterais rien et ne diminuerais rien à tout cela ! »
Le messager d'Allah dit alors :
« S'il dit vrai, il rentrera au paradis. »
C'est-à-dire que s'il accomplit les obligations comme Allah l'a ordonné alors il rentrera au paradis.
Le terme « fara'id » signifie également les héritages et a aussi le sens de « mesure ».
Allah dit dans le coran :
(Et si vous divorcez d’avec elles sans les avoir touchées, mais après fixation de leur mahr versez-leur alors la moitié de ce que vous avez fixé) « fa nisfou ma faradtoum »
La science de l'héritage « 3ilm al mawarith » est également appelé « 3ilm al fara'id » car le prophète (saws) nous a ordonné de l'étudier.
Ibn Mas 3oud (ra) a dit : « Etudiez le coran et enseignez-le aux gens. Étudiez l'héritage (fara'id) et enseignez-le car il se peut qu'un homme meurt sans que personne ne puisse informer de l'héritage. »
Abou hourayra (ra) rapporte que le prophète (saws) a dit :
« apprenez l'héritage et enseignez-le car c'est la moitié de la religion, il est oublié et c'est la première chose qui sera enlevée de ma communauté. »
Dans la période pré-islamique les arabes faisaient hériter les hommes au détriment des femmes et les plus âgés au détriment des plus jeunes. Allah a alors aboli cela et a révélé ce verset :
(Voici ce qu’Allah vous enjoint au sujet de vos enfants: au fils, une part équivalente à celle de deux filles. S’il n’y a que des filles, même plus de deux, à elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s’il n’y en a qu’une, à elle alors la moitié. Quant aux père et mère du défunt, à chacun d’eux le sixième de ce qu’il laisse, s’il a un enfant. S’il n’a pas d’enfant et que ses père et mère héritent de lui, à sa mère alors le tiers. Mais s’il a des frères, à la mère alors le sixième, après exécution du testament qu’il aurait fait ou paiement d’une dette. De vos ascendants ou descendants, vous ne savez pas qui est plus près de vous en utilité. Ceci est un ordre obligatoire « faridatan » de la part d’Allah, car Allah est, certes, Omniscient et Sage)
La cause de la révélation de ce verset est citée dans le hadith rapporté par jabir qui a dit :
«La femme de Sa'd Ben AI-Rabi' vint chez l’Envoyé d'Allah (saws) et lui dit: «O Envoyé d'Allah, voilà les deux filles de Sa’d Ben Al-Rabi‘ qui a été tué à la bataille de Ouhod en martyr, leur oncle paternel s’empara de toute la succession sans leur en rien laisser, et tu sais qu’une fille ne sera demandée en mariage si elle est démunie»..... Il manda l’oncle et lui dit: «Donne les deux tiers de la succession aux filles de Sa'd, le huitième à leur mère et garde le reste».
2ème partie
O musulmans !
Le prophète (saws) a dit :
« Allah vous a prescrit des obligations, ne les négligez pas ».
Les obligations sont nombreuses : la prière, le jeûne, le pèlerinage etc.. mais il existe d'autres que ces 5 piliers de l'islam telles que : rendre le salam. Allah l'a ordonné en disant :
(Lorsque l'on vous salue, répondez alors par un salut meilleur ou équivalent)
C'est un ordre donné par Allah. Passer le salam est une sounna mais y répondre est une obligation.
Ordonner le bien et condamner le mal fait aussi parti des obligations car Allah a dit :
(Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront.)
La bonté envers les parents car Allah taala a dit :
(et adorez Allah sans rien lui associer et marquez de la bonté envers vos père et mère)
O musulmans ! Ne négligez pas les obligations et ne les retardez pas!Principalement la prière car le messager d'Allah (saws) a dit :
« La première chose sur laquelle sera jugé le serviteur le jour du jugement sera la prière. Si elle est bonne alors le reste des actes sera bon mais si elle est corrompue alors le reste des actes le sera. »
Afin de s'assurer que votre prière obligatoire est bonne, multipliez les prières surérogatoires car elles comblent les manques qui ont eu lieu dans la prière.
Abou Hourayra (ra) rapporte que le messager d'Allah (saws) a dit :
« La première chose sur laquelle sera interrogée le serviteur sera la prière. Allah dit à ses anges malgré qu'Il sait déjà :
-Regardez la prière de mon serviteur ! L'a-t-il bien accomplie ou compte-t-elle des manquements ?
Si elle est complète, écrivez la alors comme telle, par contre si elle est contient des manques regardez alors ses prières surérogatoires. S'il en a accompli, prenez les alors pour compléter les manques dans sa prière obligatoire et faites la même chose avec ses actes »
« faites la même chose avec ses actes » signifie : faites la même chose avec le reste des actions, prenez par exemple les jours de jeune non obligatoire comme ashoura etc..afin de combler les manques du jeune obligatoire du ramadan ; prenez les aumônes non obligatoires versées afin de combler les manques dans la zakat obligatoire ….
Nous continuerons l'explication du hadith lors de nos prochains prêches inshaAllah.