Sermon du : 2018/08/31 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : L’éducation des enfants dans le coran
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Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
O musulmans !
Les vacances d’été sont terminées et les gens sont revenus de voyages durant lesquels ils ont pu visiter leur famille et se reposer. Ils sont revenus afin de reprendre leur travail et leurs occupations sans oublier les enfants qui eux, vont reprendre une nouvelle année scolaire. Chaque fois qu’une nouvelle année scolaire arrive, la responsabilité des parents envers leurs enfants se renouvelle également. La responsabilité des parents dans l’enseignement et l’éducation des enfants est immense et obligatoire. Les parents se rendent ils comptent qu’ils en seront jugés, notamment dans cette période de grands troubles et perversions et dans laquelle la religion devient de plus en plus rare ?
La relation du père envers son fils est devenue comme la relation du berger avec son troupeau au sein d’une terre remplie de bêtes sauvages : s’il délaisse son troupeau un instant, il se fera dévoré.
Parmi les responsabilités les plus importantes dans la vie du musulman : nous retrouvons celle de veiller sur ses enfants en soignant leur éducation et leur instruction, en les avertissant de ne pas faire le mal et en les incitant à faire le bien.
Ceci n’est pas étonnant car la famille constitue la base sur laquelle repose la société, ainsi si la famille est saine alors la société le sera également. Si la famille est corrompue alors la société toute entière le sera aussi.
Allah a ordonné au croyant de préserver sa famille ainsi que sa propre personne du châtiment du feu en cherchant la préservation dans l’éducation et la piété.
Allah a dit :
(ô vous qui croyez! Préservez vous ainsi que vos familles d'un feu dont le combustible sera les gens et la pierre)
Le prophète (saws) a dit : « Chacun de vous est un berger, et chacun est responsable de son troupeau. L'imam est un berger, responsable de son troupeau. L'homme est un berger pour les membres de sa famille, responsable de son troupeau. La femme est un berger dans la maison de son mari, responsable de son troupeau. Chacun de vous est un berger et chacun est responsable de son troupeau. » [Bukhari]
D’après Abdallah ibn Omar, le messager d’Allah (Saws) a dit : « Il suffit à l’individu de délaisser ceux qu’il doit nourrir pour être considéré comme pécheur. » (Abou Daoud).
As San3ani a dit au sujet de ce hadith qu’il est une preuve de l’obligation de dépenser pour celui que l’on doit nourrir car un individu n’est considéré comme pécheur seulement lorsqu’il délaisse ce qui lui est obligatoire. Le terme « il suffit à l’individu » est une hyperbole venant accentuer la gravité pour l’individu de délaisser les personnes qui sont à sa charge.
Si le fait de délaisser le devoir qui incombe de subvenir aux besoins matériels de ses enfants est un péché, qu’en est-il alors de délaisser le côté spirituel qui est bien plus important que le matériel ?
Il ne fait aucun doute que son péché sera plus grave car l’homme est doté de ce qui l’avantage par rapport aux animaux, il jouit de la raison, de l’âme et de l’esprit. Or, la nourriture de l’esprit c'est la science utile qui mène à Allah, la foi sincère et l’acte vertueux qui conduit à l’agrément d’Allah et de ce fait à son Paradis.
Le coran nous cite un modèle à imiter en l'exemple de Loqman le sage et de son fils.
Allah a dit dans le coran :
(Et lorsque Luqman dit à son fils tout en l'exhortant :Ô mon fils, ne donne pas d'associé à Allah, car l'association à [Allah] est vraiment une injustice énorme)
(Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère; sa mère l'a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans." Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. Vers Moi est la destination.)
( Et si tous deux te forcent à M'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez)
(Ô mon enfant, fût-ce le poids d'un grain de moutarde, au fond d'un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Allah le fera venir . Allah est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseur.)
( Ô mon enfant, accomplis la Salat, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t'arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise)
(Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance : car Allah n'aime pas le présomptueux plein de gloriole)
( Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes)
L’imam ibn Kathir (rah) dit dans le début de son exégèse au sujet de ces nobles versets : « Ce sont là des exhortations bénéfiques que Loqman adressa à son fils. Allah les rapporte afin d’en faire bénéficier les hommes. Il y a en cela une preuve que celui qui prendra exemple sur Loqman dans sa méthodologie d’éducation et d’orientation va alors puiser sa source d’un homme débordant de sagesse. Il suivra les traces d’un homme à qui Allah a donné et a enseigné la sagesse. Comme l’a dit ibn Abbas, « al hikma » (la sagesse) c’est le fait de raisonner, de comprendre et d’être intelligent et perspicace. A ce sujet, Allah azza wa jala a dit :
Allah (azza wa jala) a dit :
(Et celui à qui la sagesse a été donnée a vraiment reçu un bien immense)
Par ses recommandations, Loqman a voulu établir une fondation sur laquelle se construit toute chose. Il souhaitait que son fils accepte de lui les bons conseils et les préceptes spirituels. Cette fondation, il l’a tout d’abord basée sur de l’amour comme en témoigne à diverses reprises cette parole affectueuse envers son fils « ya bounay » (ô mon enfant). Cette parole évoque la tendresse de Loqman envers son fils, sa volonté de se rapprocher de lui, de l’aimer et cette crainte de le voir toucher par un mal. Dans la langue arabe, l’expression « ya bounay » (ô mon enfant) est un diminutif. Cet usage linguistique est fréquemment utilisé pour évoquer un sentiment d’affection et d’amour.
La proximité, l’amour et la sociabilité qui unissent des parents à leurs enfants sont la base sur laquelle se fonde l’édifice familial. Débuter son éducation par les ordres, les réprimandes et les reproches avant même que ne se consolide une union rendra tout effort vain conduisant toute indication, tout conseil dans un endroit lointain.
Observons maintenant le style coranique , avant l'éducation et les recommandations, Allah raconte l'histoire de loqman en disant: (Et lorsque Luqman dit à son fils tout en l'exhortant)
« tout en l'exhortant » c'est-à-dire en le conseillant et lui faisant le rappel de ce qui est bon pour lui, un conseil d'un père compatissant et aimant son fils.
Ainsi, l’exhortation précède la réprimande et le reproche. Il convient que l’exhortation soit la première chose par laquelle le père débutera son éducation. Ceci est d’autant plus vrai durant la période de la petite enfance où l’enfant ne doit pas être réprimandé trop brusquement. De même que l’on ne doit pas le frapper ou le châtier mais plutôt nous devrions l’exhorter, le conseiller par la douceur, la tendresse et la patience en prenant en considération qu’il n’est pas encore totalement conscient ou responsable de ce qu’il fait.
Voilà les raisons qui ont incité Loqman a commencé par cela et à introduire cette formule « ya bounay » entre chaque exhortation. Par cette formule, il peut se rapprocher de son fils et lui faire accepter plus aisément les conseils qu’il souhaite lui donner. Et comment Loqman aurait-il pu délaisser cette introduction alors qu’Allah l’a certes doté de la sagesse et de l’éloquence ?
O musulmans !
La première recommandation par laquelle il commença l'éducation de son enfant fût la reforme de sa croyance et l'interdiction d'associer quoi que ce soit a Allah l'exalté en lui montrant les dangers de l'associationnisme et ses conséquences malsaines.
Il a dit (soubhanahou) :
(Et lorsque Luqman dit à son fils tout en l'exhortant :Ô mon fils, ne donne pas d'associé à Allah, car l'association à [Allah] est vraiment une injustice énorme)
L’association est une injustice par laquelle nous plaçons certaines choses à des endroits qui ne conviennent pas, tel est le cas de l’adoration. L’association est une injustice énorme car elle place Le Détenteur de tous les bienfaits à égale mesure de celui dont n’émane aucun bienfait.
Interdire une chose signifie rendre obligatoire son contraire : lorsque l'on interdit l'associationnisme on oblige alors l'unicité d'Allah, « le tawhid ».
L'unicité d'Allah est un fondement sur lequel se fonde touts les édifices. Il n'y a ni religion, ni sécurité, ni guidée si ce n'est par l'unicité de Dieu.
Allah (soubhanahou) a dit :
(ceux qui ont cru et n'ont pas entaché leur foi par l'injustice, ceux là ont la sécurité et ceux sont les bien guidés)
« et n'ont pas entaché leur foi par l'injustice », l'injustice signifie ici le shirk, l'associationnisme.
Cette recommandation fut aussi la première préoccupation des Prophètes envers leur peuple et leurs enfants. Chaque éducateur, chaque père, chaque mère doit débuter son éducation par la connaissance d’Allah et son Unicité.
Allah taala a dit :
( et ce fût la recommandation d'Abraham et de jacob envers leurs enfants : mes enfants !Dieu a choisi pour vous la religion, ne mourrez pas sans que vous soyez soumis à Lui)
Jusqu’à la fin de leur vie, ils étaient soucieux de la croyance de leurs enfants et ne se contentaient pas de cela. Ils leur importaient même de recommander à leurs enfants l’Unicité d’Allah après leur propre mort.
Allah soubhanahou a dit :
(Etiez-vous témoins quand la mort se présenta à Jacob et qu'il dit à ses fils : “Qu'adorerez-vous après moi” ? - Ils répondirent : “Nous adorerons ta divinité et la divinité de tes pères, Abraham, Ismaël et Isaac, Divinité Unique et à laquelle nous sommes Soumis)
Revenons dorénavant à la recommandation de Loqman pour remarquer comme il convient d’émettre une séparation entre l’unicité d’Allah et tout autre chose. La croyance en cette Unicité doit surpasser toute chose et devancer toute autre recommandation quand bien même il s’agirait de la recommandation des liens de parenté. Ni nous ne marchandons, ni nous ne faisons de concession lorsqu’il s’agit de la croyance.
Voilà pourquoi Allah dit dans le coran :
(Et Nous avons enjoint à l'homme de bien traiter ses père et mère, et si ceux-ci te forcent à M'associer ce dont tu n'as aucun savoir, alors ne leur obéis pas)
Malgré l’obligation d’être bienfaisant envers ses parents, il n’est pas permis de leur obéir s’ils te forcent à adorer un autre qu’Allah. Pour autant, cela ne signifie pas qu’il faut établir de mauvaises relations avec les parents qui appartiennent à une autre religion que l’Islam. Cela ne doit se faire en aucun cas ! Car malgré cela, le livre de Dieu est très clair sur l'obligation du bon comportement, de la bonté et de la bienfaisance envers les parents.
La preuve est le verset :
(Et si tous deux te forcent à M'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable.)
Allah a aussi dit :
(Nous avons recommandé à l’homme ses parents. Sa mère l’ayant porté avec difficulté sur difficulté et ne put se détacher d’elle qu’après deux années. Remercie Moi et remercie tes parents et à Moi vous retournerez tous.)
Remercie Allah qui t’a comblé du bienfait de la foi en lui obéissant et remercie tes parents pour le bienfait de leur éducation en respectant les liens qui vous unissent, en étant bon et bienfaisant envers eux et invoquant pour eux.
Parmi les effets du tawhid sur l’enfant, il y a celui de prendre conscience du fait qu’Allah entoure toute chose par Sa Science, que rien ne Lui est caché et qu’Il est connaisseur de toute chose.
Allah rapporte que Loqman a dit à son fils :
(Ô mon enfant, fût-ce le poids d'un grain de moutarde, au fond d'un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Allah le fera venir . Allah est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseur.)
Il convient d'enseigner à nos enfants qu'Allah est connaisseur de chaque chose, aussi minuscule soit-elle, que ce soit sur la terre ou dans les cieux.
L'enfant qui sera éduqué dans la connaissance de ceci ne pourra pas penser à la désobéissance alors qu'il ressentira la présence d'Allah a ses côtés n'importe où il se rendra.
2ème partie
O musulmans !
Après que Loqman ait ancré dans le cœur de son fils l’Unicité d’Allah et après l’avoir prévenu des conséquences du shirk, il commença à lui enseigner les préceptes de l’Islam. Il lui enseigna les plus grands rites comme l’accomplissement de la prière qui dissocie l’Islam de la mécréance, le fait d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable qui est l’élément sur lequel le bien d’une communauté repose.
Après avoir ancré cela dans le cœur de son enfant, il convient ensuite de le préparer à certaines difficultés auxquelles il sera confronté car celui qui prend le chemin d’Allah sera obligatoirement la cible de torts et de préjudices. Ordonner le bien et interdire le mal est une voie remplie d’obstacles où il faudra faire face aux gens et se montrer patient.
Voilà pourquoi Allah a dit :
(Ô mon enfant, accomplis la Salat, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t'arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise)
Après avoir abordé le sujet de l’accomplissement de la prière et d’autres adorations, Loqman traitera d’un sujet fondamental avec son fils, celui du bon comportement.
Alors que le tawhid, l’interdiction du shirk, la reconnaissance de la présence d’Allah, Sa connaissance de toute chose, l’accomplissement de ses ordres sont autant de choses qui représentent les points essentiels de la relation entre Allah et Ses serviteurs ; la question du bon comportement concerne quant à elle la relation entre le serviteur et les gens.
Le fait d’enseigner le bon comportement ne vient logiquement qu’à la suite de l’enseignement des autres préceptes. Le musulman ne pourra parvenir à cela que lorsqu’il aura concrétisé les étapes qui précédent et qu’il aura acquis dans sa croyance : le tawhid et la reconnaissance de la présence d’Allah.
C'est pour cela que Dieu dit dans le coran cette parole de Loqman :
(Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance : car Allah n'aime pas le présomptueux plein d’orgueil)
(Et ne détourne pas ton visage des hommes) : Dans ce verset, Allah emploie un terme qui signifie dans la langue arabe une maladie qui touche le cou du chameau. Cette maladie force l’animal à garder constamment la tête courbée. Ce qu’il faut donc comprendre de ce verset est : « ne t’enfle pas d’orgueil auprès aux gens au point de te penser supérieur à eux, au point de détourner d’eux comme si tu n’avais pas été crée comme eux ».
La comparaison avec les animaux prouve que celui qui possède leurs mauvais comportements mérite d'être blâmer et que pire encore, il perd quelque chose d'immense : l'amour d'Allah.
Oui, celui qui est plein d'orgueil et marche sur terre avec arrogance va perdre l'amour d'Allah, et quelle terrible perte ! (Allah n'aime pas le présomptueux plein d’orgueil)
Ensuite loqman dit à son fils :
(Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes)
Après lui avoir cité les comportements blâmables, Loqman lui décrit le bon comportement à avoir.
Tout d’abord, nous retrouvons la modestie dans la démarche qui exprime le fait d’être stable, d’avoir une vision claire et des objectifs bien définis.
Alors que baisser la voix est une preuve de confiance en soi, un signe d’apaisement et de véracité dans les propos et le signe d’une éducation exemplaire.
Seulement, la recommandation a interdit d’élever la voix et l’a comparé au cri de l’âne qui est le cri le plus détestable.
Allah a dit :
( Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes)
Al Qortobi (rahimahoullah) a dit : La comparaison de l’élévation de la voix et du cri de l’âne qui est très élevé témoigne qu’il y a dans le fait d’élever la voix dans le discours et dans les disputes une chose détestable.
Il est rapporté dans le recueil authentique que le Prophète (Saws) a dit « Lorsque vous entendez le braiment de l’âne, recherchez la protection d’Allah contre le diable car il a vu un diable. »
Sofyan at thawri (rah) a dit à ce sujet « Les cris de chaque créature sont une glorification d’Allah (tasbih) sauf le braiment de l’âne ».
Ainsi se termine la recommandation de Loqman envers son fils. Cette recommandation par laquelle il l’éduque et l’instruit. Que celui donc qui recherche la voix saine et le bon exemple en terme d’éducation prenne exemple de ces versets. Il y a un cheminement, un ordre chronologique clair et bien défini qui doit être établi dans son éducation. Il commence par le tawhid et ce qui l’annule, par la compagnie d’Allah et ce qui le rapproche , les adorations,l’enseignement des bons comportements et l’éloignement des mauvais comportements.