Sermon du : 2018/10/05 Lieu : Mosquée Tawhid - Halluin Thème du Sermon : Le rôle important de la mosquée
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بسم الله الرحمن الرحيم
O musulmans !
Nous avons parlé la semaine dernière des différentes fonctions de la mosquée en affirmant qu'elle était une institution musulmane importante: à la mosquée nous apprenons l'art de vivre, l'éthique de la vie en communauté, le comportement à avoir avec ses amis, ses proches et ses voisins. Nous y apprenons également à respecter les gens de sciences et à leur donner la priorité, nous y apprenons l'organisation et l'obéissance et enfin à la mosquée, nous prions la prière en groupe qui dépasse en mérite la prière individuelle de vingt-sept degrés.
Nous revivifions notre relation avec Allah عز وجل à travers nos prosternations (soujoud) car c'est à ce moment que le serviteur est le plus proche de son créateur. C'est pourquoi la mosquée a été appelée masjid, qui signifie littéralement «l'endroit où l'on se prosterne». La mosquée est à la fois un lieu regroupant un bon nombre d'adoration et de nombreuses sciences à étudier.
Dans les premiers siècles de l'Islam, la mosquée était une université populaire dont les portes restaient ouvertes, été comme hiver, pour les hommes ou pour les femmes, pour les petits et grands. On y apprenait les bases de la croyance, les obligations, les relations et les bons comportements. Il s'y déroulait des cercles d'études où la quiétude et la miséricorde descendaient et que les anges recouvraient de leurs ailes.
En effet, le Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلم) a dit: «Aussitôt que des gens s’assoient dans les mosquées pour lire le coran et pour évoquer Dieu, les Anges les entourent, la miséricorde de Dieu les recouvre et la sérénité descend sur eux. Dieu les évoque aussi parmi ceux qui vivent auprès de Lui».
Toutes ces mosquées étaient donc ouvertes aux hommes et aux femmes, telle que la mosquée du prophète où les hommes occupaient les premiers rangs et les femmes les derniers. Ils rentraient tous à la mosquée par une seule et même porte. Par la suite, le prophète (صلى الله عليه وسلم) décida de réserver une porte spéciale pour les femmes suite aux attroupements d'hommes et de femmes qui se passaient à certains moments. Celui qui visite la mosquée du prophète pourra encore voir cette porte où il est toujours écrit: «porte des femmes».
Il est donc permis à la femme de se rendre à la mosquée et il ne convient pas à son mari de lui interdire. Le messager d'Allah (صلى الله عليه وسلم) a dit: «N'interdisez pas à des servantes d'Allah de se rendre dans les maisons d'Allah.». Donc, si la femme désire se rendre à la mosquée pour effectuer une prière en commun, assister à un cours ou à un sermon, il est interdit à son mari de lui refuser cela.
La mosquée est aussi un lieu de rencontre entre les musulmans et spécialement le jour du vendredi. Un groupe de musulmans du même quartier se rencontre dans leur mosquée pour les cinq prières quotidiennes, et un groupe plus grand de musulmans se rencontrent le vendredi dans la grande mosquée de la ville. La politique des musulmans, lorsqu'ils construisaient une ville, était de construire en même temps une grande mosquée appelée «al masjid al jaami3» ou «al jaami3 al kabir » qui regrouperait tous les habitants de la ville.
Le messager d'Allah (صلى الله عليه وسلم) avait fondé sa mosquée en la destinant à tous les habitants de la ville. Puis lorsque le nombre de musulmans augmenta, les califes biens guidés décidèrent de l'agrandir et ceci n'a pas cessé jusqu'à aujourd'hui. Lorsque 3Amr ibn al3as (رضي الله عنه) entra en Égypte, il construisit une grande mosquée à Al Foustat («Le vieux Caire») qui à destination des habitants de Foustat et portant le nom de mosquée Amr ibn el3as jusqu'à aujourd'hui.
La politique des premiers musulmans n'était donc pas de construire de petites mosquées ne pouvant accueillir que 100 ou 200 personnes , plutôt c'était de bâtir de grande mosquée accueillant des milliers de personnes car la base d'une mosquée est qu'elle soit un « jaami3 », un grand centre et qu'elles soient peu nombreuses mais pouvant accueillir beaucoup de monde.
Des juristes (fouqaha) ont même affirmé qu'il était interdit de prier la prière du vendredi dans une petite mosquée, excepté si la grande mosquée (masjid al jaami3) est pleine. A notre époque les mosquées sont toutes remplies car elles sont toutes petites et les gens prient même dans les rues mais ceci est en contradiction avec les objectifs de la législation islamique. En effet, le but de la mosquée est de rassembler les gens, car le rassemblement engendre le consensus, l'accord et l'amour entre les gens et ceci n'est possible que dans les grandes mosquées.
La mosquée représente également un parlement pour notre communauté. En effet, lorsqu'un problème arrivait, les musulmans se réunissaient à la mosquée afin de se concerter car il n'y a pas de séparation entre la religion et l'état dans l'islam. Il n'y a pas d'hommes de religion d'un côté et d'hommes de dounia de l'autre, plutôt, chaque musulman est appelé à œuvrer pour sa religion.
Avant de mourir, le messager d'Allah (صلى الله عليه وسلم) avait déjà élu son successeur en désignant son compagnon Abou Bakr As siddiq (رضي الله عنه) afin de le remplacer pour diriger la prière. A ce sujet, Omar ibnoul khattab (رضي الله عنه) a dit : « Le messager d'Allah(صلى الله عليه وسلم) l'a agrée pour notre religion, n'allons nous pas l'agréer pour nos affaires d'ici bas? »
Lorsque Abou Bakr fût donc désigné calife et qu'on lui prêta allégeance, il donna un discours, il loua Allah puis il dit : « Ô gens ! J’ai été élu comme chef sans être le meilleur parmi vous. Si vous trouvez que j’agis avec justesse, assistez-moi et si vous me trouvez mauvais, corrigez-moi. La véracité est un dépôt et le mensonge une tromperie. Le faible parmi vous est fort à mes yeux, jusqu’à ce que j’obtienne pour lui son droit ; et le fort parmi vous est faible à mes yeux, jusqu’à ce que je lui arrache ce qui n’est pas son droit. Obéissez-moi, tant que j’obéis à Dieu, et à Son Messager. Si je désobéis à Dieu et à Son Messager, vous ne me devez aucune obéissance »
Ce discours donné par le calife est comparable, à notre époque, à un discours donné par le gouverneur en détaillant son programme devant le parlement. Les membres du parlement étant composé des différentes catégories suivantes comme Allah عز وجل nous a cité dans le coran:
“Ils sont les repentants, les adorateurs, ceux qui louent, les méditateurs, ceux qui s'inclinent et se prosternent, les défenseurs de la droiture et les prohibiteurs du mal, et les gardiens des lois de DIEU. Donne la bonne nouvelle à de tels croyants”.
Ce sont ces gens là qui se chargent réellement des affaires des musulmans et dirigent la communauté.
Nous apprenons énormément de choses à la mosquée, parmi celles-ci: l'organisation et l'obéissance. En effet, le messager d'Allah ordonnait aux serviteurs de bien s'aligner et d'être bien organisé pour la prière et ils obéissaient directement. Il ( (صلى الله عليه وسلم)) leur disait par exemple : « Ne deviez pas du rang de peur qu'Allah ne fasse deviez vos cœurs », «Soyez doux envers vos frères », «L'imam était mis en place afin d'être suivi, donc lorsqu'il fait le takbir faites le takbir après lui, lorsqu'il s'incline inclinez-vous, lorsqu'il se prosterne prosternez-vous et lorsqu'il récite écoutez-le. »
Ceci est un discours enseignant l'organisation et l'obéissance, d'ailleurs le messager d'Allah mit en garde fortement celui qui déviait de cette organisation et cette obéissance en disant :«Celui qui se baisse et se lève avant l'imam a certes son toupet entre les mains du diable » c'est-à-dire que c'est shaytan qui dirige ses mouvements.
Il a aussi dit (صلى الله عليه وسلم) en mettant en garde celui qui ne suit pas l'imam : «Celui qui lève la tête avant l'Imam, ne craint-il pas qu'Allah change sa tête en tête d'âne », ceci car il ne comprend pas le sens de l'organisation et de la prière.
C'est ainsi que la mosquée enseigne la science et l'action, purifie le corps et l'esprit, nous avise sur le but et les moyens, la vérité et l'obligation, l'éducation avant l'apprentissage, l'application avant le point de vue personnel. C'est ainsi que nous trouvons la mosquée du prophète comme la première école ouverte à tous, arabes ou non-arabes, blancs ou noirs, riches ou pauvres, adultes ou enfants, hommes ou femmes. Ces femmes qui pouvaient donc assister à la prière en commun et aux cercles de sciences dans une époque où elles ne jouissaient encore d'aucun droit, que ce soit le droit de la scolarisation ou de participer aux affaires de la société. Rien d'étonnant donc que soient sortis de cette école, des califes tels que Abou bakr et 3Omar, des chefs militaires tels que Abou 3oubayda et Khalid ibn el Walid, des lecteurs tels que Ibn Mass3oud et 3Obeyd ibn ka3b, des savants tels que Zayd ibn thabit et ibn 3Abbas, des femmes vertueuses telles que Fatima, Aisha, Hafsa, Oum 3Amar et Oum Soulaym.
A partir de là, il est évident que la mosquée n'est pas destinée aux derviches, à ceux qui ne travaillent pas, n'agissent pas afin de venir passer leur temps. Plutôt, le coran a parlé de ceux qui méritent d'occuper les mosquées en disant :
“Dans des maisons [des mosquées] qu'Allah a permis que l'on élève, et où Son Nom est invoqué; Le glorifient en elles matin et après-midi”.
“Des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Salat et de l'acquittement de la Zakat, et qui redoutent un Jour où les cœurs seront bouleversés ainsi que les regards. Afin qu'Allah les récompense de la meilleure façon pour ce qu'ils ont fait [de bien]. Et Il leur ajoutera de Sa grâce. Allah attribue à qui Il veut sans compter”.
Ceux sont donc des hommes d'actions qui peuplent les mosquées et non les inactifs et les derviches. Quel bon exemple est celui des compagnons du prophète ( (صلى الله عليه وسلم)) qui travaillaient et pourtant cela ne les empêchaient pas de venir prier à la mosquée lorsque l'appel à la prière retentissait. Comme Allah a dit :
“Des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Salat et de l'acquittement de la Zakat”
Ainsi étaient les compagnons du messager d'Allah et ainsi devrait être chacun d'entre nous.
O musulmans !
Parmi ce que nous apprenons à la mosquée, il y a également la liberté, l’égalité et la fraternité.
Les musulmans sont en totalité en conformité avec ces valeurs.
Y a-t-il plus grande liberté que la liberté de conscience ?
Le musulman prie à la mosquée en ne se soumettant qu’à Allah عز و جل , en n’invoquant que lui.
A notre époque, les gens sont à la recherche d’endroits au sein desquels leurs cœurs pourront s’apaiser et leurs âmes se tranquilliser tels que les parcs, les jardins, les cinémas..
Cependant, ils ne trouveront le repos qu’au sein des mosquées et les cœurs ne s’apaisent que par le rappel d’Allah عز و جل.
“N’est ce pas par le rappel de Dieu que les cœurs s’apaisent”
Il convient tout de même de préciser que pour que tout cela se réalise il faut que la mosquée puisse jouer le rôle qui lui incombe. Malheureusement à notre époque la plupart des mosquées ne tiennent pas leur rôle et leurs obligations.
La liberté d’expression et la liberté de point de vue, nous les trouvons à la mosquée.
Les musulmans y apprennent également la fraternité : ils s’y retrouvent chaque jour, ils se serrent les uns aux autres, ils se transmettent le salut, ils se parlent et ils deviennent amis.
Quelle unité plus profonde trouvons nous que l’unité des fidèles à la mosquée.
Nous prions derrière un seul imam, nous n’implorons qu’un seul Dieu (Allah عز و جل), nous ne récitons qu’un seul et même livre (le Coran) et nous nous dirigeons vers la même qibla (la kaaba).
“Certes, les musulmans ne sont que des frères”
Le meilleur exemple est la mosquée du prophète (صل الله عليه و سلم) à Médine. Celle-ci contenait des personnes de tous horizons, des non-arabes parmi eux des européens comme Souhayl, des perses comme Salman, des abyssiniens comme Bilal. On y trouvait aussi de nombreuses tribus arabes : les qahtaniyines (les Ansars), les 3adnaniyines (les mouhajirines), les Aws et les Khazraj qui se combattaient auparavant durant la période pré islamique.
Par la grâce d’Allah عز و جل , ils devinrent tous des frères. L’un d’eux pouvait aller dormir affamé car il avait nourri son frère. Allah taala a dit :
“ils ne ressentent aucune envie pour ce que (les immigrés) ont reçu et ils les préfèrent à eux mêmes, même si chez eux il y a pénurie”
Voici pour la fraternité. Quant à l’égalité, y a-t-il plus grande égalité que celle des fidèles durant la prière à la mosquée : le vieux à côté du jeune, le riche à côté du pauvre, le patron à côté de l’ouvrier, le savant philosophe à côté de l’illettré... aucune différence entre eux. Ceci ne peut se produire qu’à la mosquée.
A nous de faire en sorte que les mosquées puissent jouer pleinement leur rôle.